Something a little different this Sunday. After having received the mark for my first Year Abroad Essay, I’ve decided to share it on here. I was super happy with my result, so thought why not step a little out of my comfort zone and “publish” it, so here goes.
Quelque chose d’un peu différent ce dimanche. Après avoir reçu la note pour mon premier essai de mon année à l’étranger, j’ai décidé de le partager. J’étais tellement contente de mon résultat que je me suis dit pourquoi ne pas sortir un peu de ma zone de confort et le “publier”, et voila!
L’écriture inclusive, est-ce un pas en avant vers l’égalité?
Dans un monde où le nouveau concept de neutralité sexuelle est en train de se développer et devient la forme la plus acceptable et est généralement considérée politiquement correcte, la langue française est sous le feu des certaines critiques féministes. Le français est la langue maternelle d’environ 150 millions de personnes à travers le monde et cette langue a subi des réformes constantes et est constamment en évolution, depuis la fondation de l’Académie Française en 1635. Cependant, le français est une langue entièrement genrée, même quand les mots ne se réfèrent pas directement à un homme ou à une femme. Chaque nom est déterminé par le genre, donc chaque adjectif suivant est également déterminé par le genre. Par conséquent, la langue est complètement genrée et cela provoque des problèmes pour certaines. Ironiquement, cet essai est écrit en suivant les règles de grammaires actuelles, peu importe la conclusion. Dans cet essai, j’aimerais soulever d’abord les arguments qui motivent ce changement et le mouvement féministe. Par exemple ceux de certaines féministes qui croient que la langue devrait se moderniser et ce faisant, devenir plus inclusive de genre et moins intégralement sexiste. Ensuite, on peut passer aux contre-arguments, de ceux qui pensent que les réformes perturberaient une langue chargée d’histoire et indéniablement belle, ces soi-disant puristes de la langue. Tout au long de l’essai, je pense qu’il serait utile de souligner aussi des idées telles que le « sexisme ordinaire » et le patriarcat symbolique de l’Académie Française.
Le but du féminisme est la quête d’égalité entre les sexes, et maintenant pas seulement entre les deux sexes mais l’égalité pour tous. Cet appel et le changement subséquent de l’écriture dans « le monde universitaire et la vie politique » (Salmon, 2017) peuvent être considérés comme un pas de plus vers cette égalité. Cependant, toutes les féministes ne sont pas d’accord. Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, a déclaré « je n’ai jamais soutenu l’écriture inclusive ni son enseignement à l’école mais je suis favorable à la féminisation des noms » (Lorriaux, 2017), « la féminisation des titres d’emploi » est quelque chose qui a également été rejeté par l’Académie française, en 2014 faisant « l’insistance subséquente du maire de Paris, Anne Hidalgo, à s’appeler Madame la Maire (et non Madame le Maire) grammaticalement incorrecte » (Willsher, 2017). Ce mouvement en question implique le changement de mots tels que « amis » en « ami·e·s » (Chazan, 2017), pour inclure à la fois la forme masculine et la forme féminine, ce nouveau style d’écriture étant la forme considérée comme inclusive. De cette façon le féminin est explicitement mentionné, donc plus implicitement les femmes, les humaines sont également incluses. Cette lutte est un combat contre une langue qui est considérée sexiste à la base et ces pensées sont une réaction à l’idée que peu importe combien de femmes sont présentes, un homme domine grammaticalement et linguistiquement. Pour certaines personnes, y compris « un sous-secteur des féministes », cela semble être un symbole de la vie quotidienne et cette façon que dont nous pensons et dont nous enseignons à nos enfants « favorise les résultats sexistes » et donc c’est potentiellement très nuisible. « On enseigne aux étudiants français » dès le plus jeune âge que « le masculin domine sur le féminin » (Timsit, 2017) ainsi ce système d’écriture reste pendant toute la vie et peut-être également les guide, inconsciemment, à l’âge adulte et pendant la vie adulte. Il semble y avoir des questions quant à savoir si c’est alors une pensée intrinsèque et naturelle qui se joue dans la vie réelle, pas seulement linguistiquement et conformément à cette idée. Les petits garçons sont-ils élevés pour être dominants et les filles, leurs camarades, sont-elles prédestinées à être soumises, et est-ce que la langue joue un rôle dans ce complexe philosophique?
Ce ne sont pas seulement les féministes qui plaident en faveur de cette inclusion linguistique. Au lendemain des scandales mondiaux de harcèlement sexuel, des centaines de professeurs français ont pris position déclarant « Nous n’enseignerons plus que “le masculin l’emporte sur le féminin” » (Slate.fr, 2017) et « qu’ils ne marqueront plus les alternatives aux règles dominées par le masculin comme fausses » (Samuel, 2017). Bien que seulement 314 enseignants (Slate.fr, 2017) se soient manifestés a l’heure qu’il est, cela est très important parce que ces personnes sont les plus proches de la grammaire et de l’éducation des enfants. Les enseignants ont un impact énorme sur la prochaine génération non seulement grammaticalement, mais aussi moralement. Les enseignants soulignent également qu’une forme féminine « a été mise au point au XVIIe siècle » et « ils indiquent par ailleurs qu’elle a été par la suite généralisée pour des raisons “politiques” » (Souben, 2017). Cette déclaration et référence historique, et l’idée qui l’entoure déboulonne les arguments traditionalistes dans une certaine mesure, prouvant que ceux qui pensent que cela est une vague moderniste ont tort. Ce n’est pas un concept entièrement nouveau, la langue et la linguistique évoluent constamment avec leur époque.
Commençons les contre-arguments avec un peu de contexte. L’Académie Française a été fondée en 1635 par Richelieu, le ministre en chef de Louis XIII, et selon son site web « si la fondation de l’Académie française marque une date importante dans l’histoire de la culture française, c’est parce que, pour la première fois, les débats d’une assemblée de lettrés ont été considérés comme pouvant jouer un rôle éminent dans le devenir de la société et de la nation ». Il semble que ce devenir ressemble beaucoup au passé. Sa devise est « À l’immortalité » et ses 40 membres sont connus sous le nom « les immortels » (Académie française, n.d.). Cette devise est intéressante du point de vue traditionaliste. Est-ce qu’ils voient ce changement comme une mort d’un élément fondamental de la langue française et cette immortalité serait nulle si les changements deviennent le courant dominant ? La réponse est oui. « Pour l’Académie, l’écriture inclusive est un « péril mortel » » (Pech, 2017) et même une « aberration » (Académie français, n.d.) Il est également intéressant de faire remarquer que sur la totalité des 726 membres élus, 6 étaient des femmes (Willsher, 2017). La première femme a été élue en 1980 et depuis, seulement 8 lui ont succédé. Ce fait se prête aux accusations de patriarcat et à son tour, de sexisme. Les arguments venant de l’Académie sont que « les nouvelles formes sont maladroites à lire et à écrire » et que l’écriture inclusive « aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité ». Caroline de Haas, une militante féministe, a répondu directement à la section suivante de la déclaration de l’Académie sur l’écriture inclusive :
« Plus que toute autre institution, l’Académie française est sensible aux évolutions et aux innovations de la langue, puisqu’elle a pour mission de les codifier. En cette occasion, c’est moins en gardienne de la norme qu’en garante de l’avenir qu’elle lance un cri d’alarme : devant cette aberration « inclusive », la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures. » (Académie française, n.d.)
en disant « On va tous mourir !”. Et après, c’est nous qu’on traite d’hystériques », elle se moque explicitement de la peur de la mortalité venant de l’Académie et de sa fameuse notion implicite d’immortalité. Il semble complètement vrai de cet angle que l’Académie n’est pas disposée à vivre avec son temps. Eliane Viennot, autrice du livre « Non le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! » est évidement d’accord. Elle a dit « les académicien·ne·s n’ont de cesse de torpiller depuis plus de trente ans toute évolution égalitaire du français » utilisant naturellement l’écriture inclusive, elle est en faveur de « l’apprentissage d’un français démasculinisé » (Viennot, 2017) elle même appelle au débranchement d’Académie française parce que selon elle « l’institution fait une nouvelle fois la preuve de sa flagornerie, de sa détermination à contrecarrer la marche vers l’égalité, et surtout de son incompétence » une forte critique à l’égard de l’Académie. Elle termine par disant « il serait temps de laisser l’Académie voler de ses propres ailes » (Viennot, 2017), consolidant ainsi sa position sur l’institution dominée par les hommes et plus implicitement ce qu’on peut tirer de ses pensées sont les accusations d’une société sexiste, dépassée et même arriérée qui refuse d’évoluer.
Cependant, ce n’est pas seulement l’Académie qui est en désaccord avec l’idée de nouvelles formes grammaticales et j’aimerais m’arrêter sur ce dernier point. L’écriture inclusive a également été réprouvée par le Premier ministre, Edouard Philippe qui « bannit l’écriture inclusive des textes officiels », un coup bas pour ces certaines féministes et ceux pour cette réforme linguistique. « Edouard Philippe a donné consigne à ses ministres de bannir l’écriture dite inclusive » (Dugit, 2017). Cela est un symbole pour certains, un autre signe du patriarcat qui gouverne notre société. Le gouvernement d’un pays et ses décisions représentent les opinions politiques de son peuple. Donc, cette décision faite par Philippe agit comme une déclaration officielle de la France et par conséquent, une défaite pour ceux qui espèrent une réforme linguistique. Elle a un pouvoir différent de celui de la dissidence politique et des cris publics parce que cette décision est de l’établissement, bien qu’un autre établissement historiquement dirigé par les hommes. Monsieur Philippe aurait dit que « le masculin est une forme neutre qu’il convient d’utiliser pour les termes susceptibles de s’appliquer aux femmes » (Le Point, 2017), une déclaration qui semble ignorer la notion grammaticale que la présence d’un homme remplace une pièce pleine de femmes. De par sa nature même, le mot « ils » n’est pas neutre dans la mesure où « they » en anglais et « Sie » en allemand sont neutres en termes de genre, par exemple. Cependant, Lorriaux de Slate.fr n’est pas d’accord qu’Edouard Philippe est « contre l’écriture inclusive » et elle pense que « c’est bien plus compliqué que ça » et continue à expliquer les tenants et les aboutissants de ce style d’écriture et parle de pourquoi Philippe l’a interdit. Elle souligne que les médias ont paraphrasé comme d’habitude et parfois même suggéré qu’il est sexiste à la suite. Cela ne semble pas être le cas et bien qu’il soit contre les dernières propositions de réforme, « il recommande l’usage du féminin pour les noms de fonctions et la double flexion, et donc que, sur trois techniques de l’écriture inclusive, il en conseille deux » (Lorriaux, 2017).
Il sera intéressant de voir si les problèmes de sexisme disparaissent dans les générations futures malgré tout, en ce qui concerne l’écriture inclusive ou pas. Si le sens moral va commencer à évoluer avec le temps, quels que soient ou ne pas arriver à la langue française. L’idée que le sujet grammatical est en train d’être remis en question peut avoir des effets négatifs ou positifs dans le futur concernant le sexisme. Alors qu’elle est passée inaperçue auparavant, cette discussion a peut-être renforcé pour certains l’idée que le masculin domine le féminin et donc on craint que cela ne se passe mal, surtout si les changements sont annulés, il pourrait même y avoir des manifestations ou peut-être que les règles ne seront jamais mises en place. Il est important de conclure qu’il ne s’agit pas d’une discute entre hommes et femmes. C’est un débat entre tant de secteurs de la société française ; ses féministes et ses enseignants, ses progressistes et ses traditionalistes, ses établissements historiques et son gouvernement. Et en fin de compte, c’est toujours l’élite qui a le dernier mot dans ce genre de débats.
Bibliographie:
Académie française. N.d. Available at: http://www.academie-francaise.fr/linstitution/lorganisation [Accessed on: 20 December 2017]
Académie française. N.d. Available at: http://www.academie-francaise.fr/actualites/declaration-de-lacademie-francaise-sur-lecriture-dite-inclusive [Accessed on: 20 December 2017]
Chazan, D. 2017. Gender-inclusive French is a ‘mortal danger’ to the language, Académie Française warns. Available at: http://www.telegraph.co.uk/news/2017/10/27/gender-inclusive-french-mortal-danger-language-academie-francaise/ [Accessed on : 20 December 2017]
De Haas, C. 2017. Communiqué de @academie_fr sur l’écriture inclusive : “On va tous mourir !”. Et après, c’est nous qu’on traite d’hystériques. Twitter, 26 October 2017. Available at: https://twitter.com/carolinedehaas/status/923577334334152705?ref_src=twsrc%5Etfw&ref_url=http%3A%2F%2Fwww.lejdd.fr%2Fsociete%2Fecriture-inclusive-lacademie-francaise-denonce-un-peril-mortel-pour-la-langue-francaise-3476099
[Accessed on: 20 December 2017]
Dugit, F. 2017. Edouard Philippe bannit l’écriture inclusive des textes officiels. Available at : http://www.leparisien.fr/societe/edouard-philippe-bannit-l-ecriture-inclusive-des-textes-officiels-21-11-2017-7405986.php [Accessed on: 20 December]
Le Point. 2017. Édouard Philippe bannit l’écriture inclusive des textes officiels. Available at : http://www.lepoint.fr/politique/edouard-philippe-bannit-l-ecriture-inclusive-des-textes-officiels-21-11-2017-2173977_20.php [Accessed on: 20 December 2017]
Lorriaux, A. 2017. En réalité, Edouard Philippe n’est pas contre l’écriture inclusive. Available at : http://www.slate.fr/story/154139/edouard-philippe-contre-ecriture-inclusive [Accessed on : 20 December 2017]
Pech, M. 2017. Pour l’Académie française, l’écriture inclusive est « un péril mortel ». Available at: http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/10/26/01016-20171026ARTFIG00256-l-academie-francaise-met-en-garde-contre-le-peril-mortel-de-l-ecriture-inclusive.php [Accessed on 20 December 2017]
Salmon, N. 2017. Gender neutral version of French sparks backlash. Available at: http://www.independent.co.uk/news/world/europe/gender-neutral-version-french-language-backlash-gibberish-a7987896.html [Accessed on: 20 December]
Samuel, H. 2017. French schoolteachers push for “gender neutral” grammar in row with language purists. Available at: http://www.telegraph.co.uk/news/2017/11/08/french-schoolteachers-push-gender-neutral-grammar-row-language/ [Accessed on: 20 December 2017]
Slate.fr. 2017. « Nous n’enseignerons plus que “le masculin l’emporte sur le féminin” ». Available at : http://www.slate.fr/story/153492/manifeste-professeurs-professeures-enseignerons-plus-masculin-emporte-sur-le-feminin [Accessed on: 20 December 2017]
Souben, Y. 2017. Écriture inclusive: plus de 300 professeurs refusent d’enseigner que “le masculin l’emporte sur le féminin”. Available at: http://www.huffingtonpost.fr/2017/11/07/ecriture-inclusive-plus-de-300-professeurs-refusent-denseigner-que-le-masculin-lemporte-sur-le-feminin_a_23269294/ [Accessed on: 20 December 2017]
Timsit, A. 2017. The Push to Make French Gender-Neutral. Available at: https://www.theatlantic.com/international/archive/2017/11/inclusive-writing-france-feminism/545048/ [Accessed on: 20 December 2017]
Viennot, E. 2017. Débranchons l’Académie française. Available at: http://www.liberation.fr/debats/2017/11/01/debranchons-l-academie-francaise_1607279 [Accessed on: 20 December 2017]
Viennot, E. 2017. Eliane Viennot, péril pour Immortel·le·s. Available at: http://www.liberation.fr/france/2017/11/29/eliane-viennot-peril-pour-immortelles_1613398 [Accessed on: 20 December 2017]
Willsher, K. 2017. French language watchdogs say “non” to gender-neutral style. Available at: https://www.theguardian.com/world/2017/nov/03/french-language-watchdogs-say-non-to-gender-neutral-style [Accessed on: 20 December 2017]
(Featured image: https://www.letemps.ch/societe/lecriture-inclusive-mere-toutes-batailles)
This is so interesting and you write so well (though my French isn’t that slick yet and took a bit to translate!). I find the idea of and the debates around l’écriture inclusive so fascinating, so this was a great read! x
LikeLiked by 1 person
Thanks so much Alex, so glad you enjoyed it! It is such an interesting argument from all angles, I agree. My written French far exceeds what I can do in real life, much like my written English to be honest. X
LikeLiked by 1 person